Traitement numérique du signal, prise de notes

On dit souvent que pour bien apprendre un sujet en informatique il faut écrire une doc. Pour des besoins pro j’ai du me re-mettre au traitement numérique du signal. Je commence en général par un bouquin et un projet. Pour le projet comme c’est du pro je c’est à ma discrétion, par contre pour le bouquin je me suis plongé dans le livre de Richard G.Lyons «Understanding digital signal processing» qui a le mérite d’être richement illustré de graphes et d’équations avec beaucoup d’explications visuelles et «avec les mains».

Du bon soleil pour apprendre

L’idée de cette note est donc de faire des exercices en rapport avec ce qui est dans ce livre mais pas que, le tout de manière pratique en python et de voir les implications que ça peut avoir avec les FPGA.

Un signal discret

Dans un premier temps nous aurons besoin de numpy et pylab en python3

import numpy as np
import pylab as plt

Le signal de base est une sinusoïde. Pour représenter un signal de 1 Hertz en python on va d’abord créer un tableau d’un certain nombre de valeur de 0 à 1 secondes :

# Freq
f0 = 1
# 40 points de 0 à 39
t = np.linspace(0, 1, 40)

Puis calculer le sinus

y = np.sin(2*math.pi*f0*t)

Signal qu’il est facile de «plotter» ensuite :

plt.plot(t, y)
plt.show()

Ce qui nous donne cette belle courbe de sinus :

D’après Richard il ne faut pas relier les points

Mais pour bien se représenter un signal numérique il ne faut pas relier les points. Il vaut mieux mettre des points avec des lignes verticales comme ceci :

fix, ax = plt.subplots()
ax.stem(t, y, 'b', markerfmt="b.")
plt.show()

Ce qui nous donne la figure suivante :

Les points non reliés entre eux donnent une meilleur vision d’un signal numérique (discret)

Cette dernière figure illustre bien la notion d’échantillonnage avec une fréquence d’échantillonnage fs de 40Hertz (temps en secondes et 40 points) soit :

# Freq
f0 = 1
# Temps total
T = 1
# Nombre de points:
N = 40
# Fréquence d’échantillonnage :
print(f"fs = {N/T} Hertz")
# fs = 40.0 Hertz

Ici, la fréquence d’échantillonnage (40Hertz) est largement supérieur à la fréquence du signal enregistré (1 Hertz). On peut s’amuser maintenant à monter la fréquence du signal à la fréquence de Nyquist :

f0 = 5
f0 = 10
f0 = 20

Ce que nous dit Nyquist, c’est qu’avec tous les signaux ci-dessus, il est possible de retrouver la sinusoïde du début. Mais si on augmente encore la fréquence on obtient un repliement du spectre.

f0 = 30
f0 = 40

On peut ajouter le l’analyse de spectre en augmentant également le nombre de points mesuré :

# Freq
f0 = 1
# Temps total
T = 1
# Nombre de points:
N = 100
# 100 points de 0 à 99
t = np.linspace(0, T, N)
y = np.sin(2*np.pi*f0*t)
fix, ax = plt.subplots(1,2)
ax[0].stem(t, y, 'b', markerfmt="b.")
ax[1].magnitude_spectrum(y, Fs=N/T, ds="steps-mid")
plt.show()
(f0=1) À gauche le signal sur 100 points, à droite l’analyse des fréquences

Ondelettes

Pour faire une ondelette (wavelet) on multiplie un cosinus (périodique) avec une gaussienne (exp(-t²/2)) :

# Décalage en seconde:
retard = 5
y = np.cos(2*np.pi*f0*t)*np.exp(-np.power(t-retard,2)/2)
La fréquence du signal est toujours de 1Hz mais le signal n’est plus périodique à l’infini

La vidéo suivante explique tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les ondelettes.

Si on change la fréquence du signal, en passant à 2Hz par exemple. On se rend compte que l’échantillonnage tronque les maximum locaux :

La courbe n’est plus symétrique

Ce qui casse la symétrie de la courbe.

Hilbert avec scipy

La transformée de hilbert permet de calculer la partie imaginaire du signal réel. Le package python nommé scipy inclue la fonction qui la calcule.

[...]
from scipy import signal
[...]
# morlet wavelet
y = np.cos(2*np.pi*f0*t)*np.exp(-np.power(t-retard,2)/2)

himg = signal.hilbert(y).imag
hreal = signal.hilbert(y).real
[...]
On distingue bien la partie réel (le signal d’origine) et la partie imaginaire en orange

Comme nous avons la partie réelle et la partie imaginaire de notre signal, il est possible désormais de calculer son module pour en tirer l’enveloppe:

# morlet wavelet
y = np.cos(2*np.pi*f0*t)*np.exp(-np.power(t-retard,2)/2)

himg = signal.hilbert(y).imag
hreal = signal.hilbert(y).real

habs = np.sqrt(np.power(himg, 2) + np.power(hreal, 2))
L’enveloppe du signal en vert (habs)

Si l’on diminue la fréquence d’échantillonnage (division par 10) on remarque que l’enveloppe ne passe plus par les maximums. La transformée de Hilbert semble les avoirs tout de même déduit :

Avec une fréquence de pulsation de 2 Hertz et une division de la fréquence échantillonnage par 10 on constate que l’enveloppe demeure alors que les maximums réel et imaginaire sont tronqués.

Peut-on calculer l’enveloppe sans racine carré et carré ?

habs = np.abs(himg) + np.abs(hreal)
Hmmm ça marche moins bien sans carré (courbe rouge)

Et juste avec des carrés ?

hsquare= np.power(himg, 2) + np.power(hreal, 2)
Hmm c’est pas magique non plus

Transformée de Fourrier

Mais que faites vous encore sur ce blog ! Vite allez visionner l’excellente vidéo de 3Blue1Brown qui parle de la transformée de Fourrier avec force de graphes et de dessins. Vous ne verrez plus la transformée de fourrier comme avant 😉

Sinon y a aussi cette formule trouvée sur twitter qui est vraiment très parlante :

Trouvée sur twitter

Jusqu’à présent, pour calculer et afficher la transformée de fourrier de notre signal, nous nous sommes servi exclusivement de la fonction magnitude_spectrum() inclue dans pylab. C’est intéressant pour avoir un aperçu du spectre, mais ça ne permet pas de dire que l’on maîtrise ça.

Nombre complexes en python

Python permet visiblement d’utiliser nativement des nombres complexes avec ‘j’ à condition d’y mettre un nombre devant :

In [2]: j                                                                                                                                                                                                          
---------------------------------------------------------------------------
NameError                                 Traceback (most recent call last)
<ipython-input-2-3eedd8854d1e> in <module>
----> 1 j

NameError: name 'j' is not defined

In [3]: 1j                                                                                                                                                                                                         
Out[3]: 1j

In [4]: 0.02j                                                                                                                                                                                                      
Out[4]: 0.02j

In [5]: -3j                                                                                                                                                                                                        
Out[5]: (-0-3j)

In [7]: np.exp(1j)                                                                                                                                                                                                 
Out[7]: (0.5403023058681398+0.8414709848078965j)

Tentons donc de calculer la transformée de fourrier en mode «brute de force» pour voir:


#temps: 0 points de 0 à N-1
t = np.linspace(0, T, N)
# morlet wavelet
y = np.cos(2*np.pi*f0*t)*np.exp(-np.power(t-retard,2)/2)

# transformée de fourrier
freqs = np.array([])
for k in range(N):
    listexp = [y[n]*np.exp(1j*2*np.pi*k*n/N) for n in range(N)]
    xk = (1/N)*np.array(listexp).sum()
    freqs = np.append(freqs, xk)

#fréquence: 0 points de 0 à N-1
k = np.linspace(0, T, N)
Visiblement nous avons un problème «complexe»

Là ce que nous venons de calculer est la version complexe de la transformée de fourrier dont pylab nous «plot» la partie réelle. Voyons voir le module :

fourrier_module = np.sqrt(np.power(freqs.imag, 2) + np.power(freqs.real, 2))
Mais pourquoi ce deuxième pic ?

Nous avons donc toujours deux pics, sachant que le second pic est au delà de la fréquence de Nyquist (Fs=10Hz) et semble «normal».

Par contre nous avons un facteur 2 entre le calcul de magnitude de python et celui que l’on vient de calculer.

Peut-être parce que la formule de l’image est celle de la transformée inverse ? La transformée discrète donnée dans le livre est plutôt celle là :

Page 60: On retrouve encore moins le facteur 2 sur cette formule.

Voyons voir avec cette nouvelle formule :

# transformée de fourrier
freqs = np.array([])
for k in range(N):
    listexp = [y[n]*np.exp(-1j*2*np.pi*k*n/N) for n in range(N)]
    xk = np.array(listexp).sum()
    freqs = np.append(freqs, xk)

fourrier_module = np.sqrt(np.power(freqs.imag, 2) + np.power(freqs.real, 2))
Bon c’est pas un facteur 2 cette fois!

Si on veut «matcher» la courbe de magnitude il faut ajouter un facteur 2/N au calcul du module :

fourrier_module = (2/N)*np.sqrt(np.power(freqs.imag, 2) + np.power(freqs.real, 2))
Avec le facteur (2/N) on obtient une superposition des courbes.

cos – sin

Pour faire entrer le calcul de la transformée dans un FPGA, l’exponentielle d’un complexe n’est pas super pratique. Décomposons donc en différence cos-sin avec la formule d’Euler, on devrait obtenir le même résultat:

# transformée de fourrier
freqs = np.array([])
for k in range(N):
    listexp = []
    for n in range(N):
        angle = 2*np.pi*k*n/N
        listexp.append(y[n]*(np.cos(angle) - 1j*np.sin(angle)))
    xk = np.array(listexp).sum()
    freqs = np.append(freqs, xk)

Et nous obtenons exactement le même graphe qu’avant.

C’est sans surprise qu’on obtient la même chose en sommant indépendamment partie réelle et partie imaginaire :

# transformée de fourrier
freqs_real = np.array([])
freqs_img = np.array([])
for k in range(N):
    listreal = []
    listimg = []
    for n in range(N):
        angle = 2*np.pi*k*n/N
        listreal.append(y[n]*(np.cos(angle)))
        listimg.append(y[n]*(-np.sin(angle)))
    xkreal = np.array(listreal).sum()
    xkimg = np.array(listimg).sum()
    freqs_real = np.append(freqs_real, xkreal)
    freqs_img = np.append(freqs_img, xkimg)

fourrier_module = (2/N)*np.sqrt(np.power(freqs_img, 2) + np.power(freqs_real, 2))

Nous permettant au passage de dégager le ‘j’ des nombres complexes qui ne passe pas très bien dans un FPGA.

Des entiers ou des virgules fixes

Pour le moment c’était facile: on avait les flottant de python. Seulement voilà, dans un FPGA, les flottants ne sont pas simple. Nous avons besoin de fixer la taille (en bits) des variables/registres utilisés. Il faut également fixer la position de la virgule si l’on souhaite simplifier le calcul.

Le second problème nous vient des fonctions sin() et cos() qui ne sont pas calculables simplement. L’astuce consiste à pré-calculer les valeurs et les stocker dans une table qui ira remplir une ROM du FPGA.

Pour gérer des entiers en virgule fixe et de taille hétérogène on installera le module fxpmath :

$ git clone https://github.com/francof2a/fxpmath.git
$ cd fxpmath/
$ python -m pip install -e .

Pour commencer on va passer le signal ‘y’ en entier signé sur 16bits avec

# morlet wavelet
y = np.cos(2*np.pi*f0*t)*np.exp(-np.power(t-retard,2)/2)

YTYPE="S1.15"
ysint = Fxp(y, dtype=YTYPE)

Le signal se trouvant entre -1 et 1 nous choisirons un format signé sur 16 bits avec tous les chiffres derrière la virgule ‘S1.15’.

Pour les calculs intermédiaires on va rester sur du signé 16 bits mais avec la virgule au milieu cette fois, soit ‘S8.8’:

# transformée de fourrier
freqs_real = np.array([])
freqs_img = np.array([])
for k in range(N):
    listreal = []
    listimg = []
    for n in range(N):
        angle = Fxp(2*fixpi*Fxp(k, dtype=DTYPE)*Fxp(n, dtype=DTYPE)/N,
                dtype=DTYPE)
        listreal.append(Fxp(y[n]*( np.cos(angle)), dtype=DTYPE))
        listimg.append (Fxp(y[n]*(-np.sin(angle)), dtype=DTYPE))
    xkreal = Fxp(np.array(listreal).sum(), dtype=DTYPE)
    xkimg  = Fxp(np.array(listimg ).sum(), dtype=DTYPE)
    print(f"Freq {k} -> {xkreal}({xkreal.dtype}) + {xkimg}j ({xkimg.dtype})")
    freqs_real = np.append(freqs_real, xkreal)
    freqs_img = np.append(freqs_img, xkimg)

#fourrier_module = (2/N)*np.sqrt(np.power(freqs_img, 2) + np.power(freqs_real, 2))
fourrier_power = Fxp(Fxp(freqs_img*freqs_img, dtype=DTYPE) + Fxp(freqs_real*freqs_real, dtype=DTYPE), dtype=DTYPE)
fourrier_module = Fxp((2/N)*Fxp(np.sqrt(fourrier_power), dtype=DTYPE), dtype=DTYPE)

La première surprise de cette méthode est le temps de calcul: on passe d’un calcul de la transformée quasi instantanée à un calcul qui prend presque une minute.

La seconde surprise vient avec le «bruit haute fréquence» qui apparaît dans le résultat et le second pic qui disparaît.

Avec les calculs intermédiaire en S8.8 on parvient à la même courbe, modulo le bruit en haute fréquences.

Le problème de ce bruit vient de l’arrondi calculé sur Pi, si on ajuste la virgule de Pi comme ceci :

# Frequence du signal
Sf0 = 2

f0 = (Sf0 * Fs)/T

# Décalage en seconde:
retard = 5

#temps: 0 points de 0 à N-1
t = np.linspace(0, T, N)
# morlet wavelet
y = np.cos(2*np.pi*f0*t)*np.exp(-np.power(t-retard,2)/2)

YTYPE="S1.15"
ysint = Fxp(y, dtype=YTYPE)

DTYPE="S8.8"
D2TYPE="S16.16"

fixpi = Fxp(np.pi, dtype="U3.13")

# transformée de fourrier
freqs_real = np.array([])
freqs_img = np.array([])
for k in range(N):
    listreal = []
    listimg = []
    for n in range(N):
        angle = Fxp(2*fixpi*Fxp(k*n, dtype="U16.0")/N, dtype=D2TYPE)
        listreal.append(Fxp(y[n], dtype=YTYPE)*Fxp( np.cos(angle), dtype=YTYPE))
        listimg.append (Fxp(y[n], dtype=YTYPE)*Fxp(-np.sin(angle), dtype=YTYPE))
    xkreal = Fxp(np.array(listreal).sum(), dtype=DTYPE)
    xkimg  = Fxp(np.array(listimg ).sum(), dtype=DTYPE)
    print(f"Freq {k}/{Fs} ({k*T/N}) -> {np.sqrt(xkreal*xkreal + xkimg*xkimg)})")
    freqs_real = np.append(freqs_real, xkreal)
    freqs_img = np.append(freqs_img, xkimg)

fourrier_power = Fxp(Fxp(freqs_img*freqs_img, dtype=DTYPE) + Fxp(freqs_real*freqs_real, dtype=DTYPE), dtype=DTYPE)
fourrier_module = Fxp((2/N)*Fxp(np.sqrt(fourrier_power), dtype=DTYPE), dtype=DTYPE)

Avec 128 échantillons (2^7)

Par contre on a un décalage de fréquence avec la fonction magnitude_spectrum() de pylab :

Mais d’où vient ce décalage ?

Ce décalage provient de l’axe des x qui n’est pas le même pour le calcul de python et le calcul maison. En effet, notre calcul «à la main» s’étend sur tout l’espace «de nyquist» (0 à N-1) alors que la fonction magnitude_spectrum() n’affiche le spectre que sur la moitée.

Pour recentrer tout ça on peut simplement récupérer la table des fréquences fournie par magnitude_spectrum() et l’utiliser comme axe des x dans l’affichage de notre spectre :

#...
magnitude, freqs, _ = ax[1].magnitude_spectrum(y, Fs=N/T, ds="steps-mid", label=f"fft (Fs={Fs} Hz)")
#...
ax[1].plot(freqs, fourrier_module[:len(freqs)], label = "freqs (calculée)")
La fréquence est maintenant correcte, reste un problème de magnitude. Problème d’arrondi ?

Et nous obtenons la bonne fréquence pour les deux modes de calculs. Reste maintenant un problème de magnitude maximum, est-ce un problème d’arrondi de la virgule fixe ? Possible.

Ressources

Le code de cet article se trouve sur le dépôt github suivant.

Une réflexion sur « Traitement numérique du signal, prise de notes »

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